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Alexandre DUVAL-STALLA
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31 mars 2010

Gallimard c./ Google

Avec d’autres éditeurs, nous allons intenter une action contre Google dans les jours qui viennent”, a annoncé Antoine Gallimard en réponse à une question dans le cadre d’un débat organisé au Salon du livre. “En début d’année, quelques contacts avec Google nous avaient laissé espérer une évolution favorable sur ce dossier, mais rien n’a changé finalement”, explique Antoine Gallimard.

Intitulée “Le livre et Google… et maintenant ?”, et animée par le sénateur Jack Ralite, qui se passionne pour le sujet à la commission culture du Sénat, cette conférence réunissait Philippe Colombet, responsable du programme Google Livres pour les pays francophones, Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la BNF, Jean-Yves Mollier, historien, et le PDG de Gallimard.

A cette conférence, Jean-Yves Mollier a d’ailleurs déploré « la carence, la lâcheté, la démission des pouvoirs publics qui ont abandonné ces projets de numérisation quand il était encore temps de les lancer, au moment de la construction de la BNF ».

La condamnation pour contrefaçon prononcée le 18 décembre dernier par le TGI de Paris ne concerne formellement que les titres du groupe La Martinière-Le Seuil, qui fait maintenant l’objet d’un appel.

Gallimard et les autres éditeurs, qui voudraient assigner le moteur de recherche sur les mêmes bases, doivent donc faire constater à leur tour que Google a numérisé sans autorisation des titres de leur catalogue, avant de déposer leur propre assignation.

A 300 euros le constat, l’avance de trésorerie sera malheureusement lourde au départ pour les éditeurs avant de recevoir des dommages et intérêts des condamnations futures.

Pourquoi un tel combat ?

En réalité, la numérisation représente un risque réel d’appauvrissement culturel par la disparition des librairies, qui entraînera inévitablement un tarissement de la création littéraire.

En effet, ce sont les librairies et les libraires, et personne d’autres, qui sont les garantes de la création littéraire et de la vitalité du secteur du livre, avec en France, le plus grand réseau de points de vente au monde avec ses 12.000 librairies.

Or, la marge de ces libraires est justement celle du chiffre d’affaires prévisionnel des livres numériques ou numérisés. A terme, les livres numériques ou numérisés, c’est la destruction des librairies du fait de la réduction de leur marge. Et donc de la création littéraire ; car seuls les librairies offrent à tous les écrivains sans exception (et non aux quelques auteurs aux tirages importants) la possibilité d’être vendus en plusieurs exemplaires et donc, à défaut de pouvoir en vivre, au moins d’assurer la réussite de la chaine du livre où chacun est rétribuée pour son travail, notamment l’auteur.

A cet égard, l’exemple du système des librairies aux Etats-Unis ou en Angleterre est caractéristique. Il a conduit à la formation de quelques chaînes de librairies qui concentrent leurs ventes sur un nombre limité de best sellers.

Il en est de même pour l’anéantissement des fonds des bibliothèques. A titre d’exemple, il existe en France 3.000 bibliothèques publiques. Si désormais, par la numérisation, un seul livre est nécessaire pour être accessible en ligne dans toutes les bibliothèques françaises, le manque à gagner serait de 2.999 exemplaires du livre ; sans oublier que les bibliothèques perdront leur raison d’être, remplacées par un écran d’ordinateur et des feuilles A4.

Bref, outre la violation désinvolte et effrontée du droit d’auteur au prétexte d’un avenir radieux grâce à la culture globalisante et forcément heureuse de Google, qui ne cherche en réalité qu’à étouffer la concurrence pour plus de rentabilité financière, il est plus que temps de réagir.

Il y aura une suite… N’en doutez pas…

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