Gilbert Vahé, chef jardinier de la maison de Monet, a passé près de tente-cinq ans à redonner vie au jardin mythique du peintre.

Gilbert Vahé contemple ses jardins sur le célèbre pont du jardin d'eau

Qui aime les fleurs le suive ! Gilbert Vahé s'occupe du jardin de Monet, depuis près trente-cinq ans, qu'il pleuve ou qu'il vente. Une passion qui ne le quitte jamais et qu'il partage volontiers.
A 28 ans, il quitte son travail et sa vie versaillaise pour entreprendre « un tour de France des jardins » afin d'y trouver du travail. Il doit faire des choix : tomber sous le charme des jardins de Strasbourg, garder son poste de chef d'atelier à l'Ecole de Versailles ou prendre des risques à Giverny.
Son ancien patron lui propose un rendez-vous avec Gérald Van der Kemp, conservateur en chef du domaine de Versailles et des Trianons, et surtout nouveau maître de la maison Monet. « J'y suis allé à reculons, se souvient Gilbert Vahé. Je suis un soixante-huitard contestataire. Avoir un entretien avec un mondain royaliste, très peu pour moi ! »
Cet entretien dure finalement trois heures. Ce « mondain » se trouve être une personne simple qui a décidé de consacrer du temps à ses passions : les jardins et la peinture. Le pouvoir des fleurs lie les deux hommes.
Gilbert Vahé, contre toute attente, choisit Giverny malgré les risques : « Il n'y avait rien ici. Un jardin à moitié en friche, pas de fondation, un institut avec une épine dans le pied. Tout était à refaire. Personne n'en voulait, personne n'y croyait. Mais il faut toujours être optimiste », sourit-il. Gérald Van der Kemp, une petite équipe et lui mettent quatre ans à rénover le jardin et la maison grâce aux donations collectées par l'épouse Van der Kemp, la milliardaire Florence Russell Bennett Harris. « Si on veut quelque chose de beau, c'est ce qu'il faut », affirme le jardinier.
Claude Monet n'avait rien écrit sur son domaine. Les jardiniers n'avaient que des plans avec les structures du clos normand et du jardin d'eau. « Tout est régi par la nature et chaque massif a sa couleur », précise Gilbert Vahé. Cependant, avant de redessiner ce petit coin de paradis à l'identique, il a dû collecter de précieux éléments auprès de la famille, des proches et des anciens jardiniers.
Le jardin est nuancé par des couleurs chaudes et des couleurs froides. Gilbert décrit le jardin d'eau comme « une palette d'atelier » et le clos normand comme « des touches de couleurs qu'il faut harmoniser ». Pour Gilbert Vahé, l'artiste, ce n'est pas lui mais bien celui qui tient les pinceaux.
Le jardinier offre à l'inspiration du peintre plusieurs paysages possibles : libre à l'artiste d'en faire ce que bon lui semble.

Source : Paris-Normandie (http://www.paris-normandie.fr/article/societe/une-vie-avec-les-fleurs)